Rayures et tissus rayés dans A la recherche du temps perdu

[Fr:]D’après Michel Pastoureau, porter des vêtements rayés était au Moyen-Âge symbole d’exclusion par rapport à l’ordre social établi : du fait que le bouffon, le juif, la prostituée étaient considérés « diaboliques », ils portaient des rayures. Au fil des siècles, certains vêtements rayés deviennent par contre acceptables par la société ; au XIXe et au XXe siècle, enfin, on invente d’autres typologies de rayures : hygiéniques (les rayures de la lingerie), sportives ou emblématiques (l’uniforme, le drapeau). Toutefois, les valeurs du code vestimentaire du Moyen-Âge ne disparaissent pas, en se superposant souvent aux codes modernes ou contemporains. Dans notre contribution, nous nous proposons d’étudier les vêtements rayés portés par certains personnages de la Recherche de Proust, notamment M. de Charlus. Si, d’une façon générale, la mode dans l’œuvre de Proust fonctionne comme le vecteur d’inclusion (d’un individu par rapport à un groupe) ou comme la trace du caractère original d’une personne, quelle est la fonction de certains vêtements rayés ? Sont-ils interprétables d’après les catégories de Pastoureau ? Dans l’architecture de la Recherche, le fil rouge des rayures permettra, en conclusion, de réinterpréter les relations « tissées » entre les personnages.