Proust, ou l'oralité "interpolée" dans l'écrit

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Abstract

[Fr:]Dans À la Recherche du temps perdu, les références à la voix (les marques prosodiques) semblent mieux se lier à l’évocation du temps perdu (la conversation des salons), plutôt qu’à la réflexion sur le style qui seul peut engendrer « un peu de temps à l’état pur ». D’ailleurs, Proust enterré sous ses cahiers n’est-il pas la démonstration vivante du triomphe de l’écrit sur l’oralité ? Pour le héros-narrateur de la Recherche, toutefois, une convergence curieuse semble s’établir entre le timbre oral inattendu de certains personnages (La Berma, Bergotte, la mère du narrateur) et la vocation vers l’idéal littéraire à atteindre : l’étymologie du terme vocation (latin vocare) n’est pas dépourvue de conséquences chez Proust. Dans cette contribution on reviendra sur les pages de « Combray » dans lesquelles on décrit longuement la voix de la mère lisant à son enfant le roman François le Champi. Plutôt que sur les aspects prosodiques et linguistiques de cette lecture , on insistera sur le côté ancestral de cette vocalité inédite, dont le rythme, issu du corps maternel, semble se proposer comme l’archétype de l’entreprise littéraire du narrateur. Nécessitant d’une respiration ample, courant néanmoins le risque de retomber toujours à bout de souffle, la longue période proustienne sera caractérisée par une euphorie pneumatique qui n’est pas sans rapport d’une part avec les sonorités entendues par l’enfant dans le ventre de sa mère, de l’autre avec le symbolique qui inspire un sens aux mots prononcés par la mère. Cette vocalité matricielle serait l’emblème d’une parole donnée que Proust devenu écrivain restituera, par imitation géniale, dans son style stratifié et synesthésique. En dilatant les pores de son écorce syntaxique, la phrase de la Recherche aura souvent tendance à se faire insuffler par cette lecture originale et originelle, aussi bien que boiteuse (la mère supprimant les scènes d’amour du roman), voire radicalement culturelle : l’oralité « interpolée » dans l’écrit est manifestée aussi par le choix d’un roman (François le Champi) dont le style est censé rappeler les tournures pittoresques d’un conte de fée oral. Dans le roman sandien greffé sur le « drame du coucher », la tradition orale tout comme la culture qui y se trouve véhiculée deviennent le noyau d’un processus fécond de re-symbolisation langagière que Proust met ainsi en œuvre. Dans un jeu de miroir continuel entre l’écrit et l’oral, l’auteur de la Recherche réinvente finalement sa propre idée concernant la langue française.
Titolo tradotto del contributo[Autom. eng. transl.] Proust, or the "interpolated" orality in writing
Lingua originaleFrench
pagine (da-a)187-205
Numero di pagine19
RivistaCAHIERS DE LITTERATURE ORALE
Stato di pubblicazionePubblicato - 2015

Keywords

  • Proust
  • Sand
  • interpolation
  • matrice
  • style
  • vocalité

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