Abstract
[Fr:]De Victorin de Ptuj à Fortunatien et Chromace d'Aquilée le choix du registre linguistique de la
rusticitas dans communication verbale de contenus homilétiques-exégétiques correspond en général
soit au but d'en assurer une meilleure compréhension par le public visé soit au soin de les exprimer
dans le strict respect des styles de la ‘simplicité catholique’, c’est-à-dire étrangers à la complication
des discours de l’hérésie.
Dans les auteurs cités, actifs dans le vaste milieu d’Aquilée chrétienne, la rusticitas intentionnelle
du langage se manifeste à différents degrés d’évidence lexicale et syntaxique, mais toujours de
manière à répondre aux exigences d’orthodoxie qui étaient partagées au moins dans la tradition
chrétienne locale.
Dans le cas de Victorin, écrivain pour qui le grec était la première langue, cette rusticitas est
représentée par l'utilisation même de la langue latine dans la publication des traités exégétiques
conformés pour la première fois en Occident au genre littéraire déjà porté à la perfection par des
auteurs grecs comme Hippolyte et Origène.
Jérôme, bien qu’il avouait l’ambition d'émuler les classiques latins, cependant, ne cachait pas sa
propre ‘marque aquiléenne’ lorsq’il démontrait appréciation positive de «son» Victorin, non
seulement dans la louange que ses oeuvres étaient grandia sensibus, mais aussi par la diffusion
d'une nouvelle édition à ses soins du commentaire sur l'Apocalypse: il en atténue le millénarisme,
mais pas du tout il en embellit le style, bien que dans son De viris illustribus il l’avait jugé «de
moindre valeur» que le contenu (opera eius [...] viliora videntur compositione verborum: : HIER. De
viris illustribus 74).
Jerome même note, cependant, que Fortunatien d'Aquilée – marqué par certains comme detestabilis
à cause de la suspicion d’avoir cédé à l'arianisme, quand il était un conseiller du pape romain Libère
– brevi sermone et rustico scripsit son commentaire des Évangiles, original et littérairement
innovant; toutefois, à la lumière des jugements sur Fortunatien exprimés ailleurs par Jérôme cette
qualification de brevitas et de rusticitas apparaît comme une preuve sûre de son orthodoxie
d’exégète, non seulement comparable à celle de Victorin, mais aussi– Ambroise ayant été
délibérément exclu – à celle d’Hilaire même: Jérôme l’avoue avec une candeur inhabituelle, tout
comme il est en train d'exploiter Fortunatien pour accomplir seulement en deux semaines la
commission d’un commentaire sur Matthieu: Latinorum, Hilarii, Victorini, Fortunatiani opuscula,
e quibus etiam si parva carperem dignum aliquid memoriae scriberetur (HIER. In Matth. praef.).
Donc, il ne se souciait pas qu’à quelqu’une de ses amies le vieux exégète aquiléen semblait sensibus
hebes et verbis (HIER. Praef. in Orig. hom. in Luc.), puisqu'en définitive hebes certainement
équivaut à une connotation de rusticitas, c’est-à-dire de catholicité.
La découverte récente et surprenante (2013) du commentaire intégral de Fortunatien dans le code 17
de la Dombibliothek Cologne par Lukas Dorfbauer, qui va à en donner l’édition critique, permet
maintenant de mieux déterminer et d'évaluer dans ses implications sociolinguistiques et
théologiques la configuration brevis et rustica du style et du vocabulaire de Fortunatien, où les
quelques fragments survivants lassaient cependant entrevoir déjà un aperçu d’une franchise
didactique et aphoristique, souvent comparable au génie rapide de Victorin.
De cette façon, ces deux auteurs semblent impliqués dans les origines de l’inclinaison typique
d’Aquilée vers une rusticitas linguistique-littéraire et théologique caractéristique, qui de diverses
manières est partagée par les écrivains actifs entre les siècles IIIème - VIIIème dans le milieu qu’on
peut no
Lingua originale | English |
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Editore | Peeters |
Numero di pagine | 2 |
Stato di pubblicazione | Pubblicato - 2015 |
Keywords
- Aquileia
- Chromatius
- Fortunatianus
- St. Irenaeus
- exegetical language
- sermo mediocris
- sermo rusticus
- theological language